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mardi

Tera 100

Tera 100

C'est le nom du nouveau supercalculateur français

On vient d’inaugurer le Tera 100, un supercalculateur construit par Bull, qui sera utilisé pour la simulation numérique des armes nucléaires


Nous sommes dans l’un des centres de recherche du Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Plus précisément sur un site de la Direction des applications militaires (DAM) où, depuis l’interdiction des essais nucléaires dans la nature, on les simule grâce à des supercalculateurs d’une part (programme qui porte le nom de Simulation), et des expériences menées sur la matière, en milieu confiné, au laser mégajoule, près de Bordeaux d’autre part (1).

« Le CEA a regroupé ici tous ses moyens de calcul civils et militaires, indique en préambule Pierre Leca. Nous avons donc le CCRT avec le calculateur Tera 10 qui développe une puissance de calcul de 50 téraflops (2) pour des applications civiles et industrielles, le Tera 100, réservé à la Défense et dont les applications sont classifiées, et enfin le tout récent Très grand centre de calcul (TGCC), d’une puissance de 1600 téraflops, destiné aux applications civiles dans le cadre du programme européen Prace et dont le supercalculateur Curie acquis par Genci (Grand équipement national de calcul intensif) est en cours d’installation », poursuit le chef du département des sciences de la simulation et de l’information.

Un assemblage de 17 480 processeurs Intel Xeon
En tout, ce sont près de 500 ingénieurs et chercheurs, des physiciens, des mathématiciens et des informaticiens qui modélisent les phénomènes physiques, les traduisent en équations de plus en plus compliquées, ou bien encore écrivent les codes de calcul. Un travail de longue haleine qui, rien que pour la mise au point des codes de calcul par exemple, nécessite l’écriture d’un millier de lignes par une dizaine de personnes pendant plusieurs années.

Le tout nouveau Tera 100 est « le premier supercalculateur pétaflopique européen, fruit d’une étroite collaboration entre les ingénieurs du CEA et ceux du seul et dernier constructeur européen de matériel de calcul intensif, le français Bull, basé aux Clayes-sous-Bois (Yvelines) », indique Jean Gonnord, chef du projet simulation numérique et informatique au CEA/DAM.

Le bruit d'un avion supersonique se préparant à décoller
Invisibles pour le visiteur, 80 km de câbles serpentent sous nos pieds, tandis qu’un circuit d’eau froide vient, jusque dans chaque porte d’armoire, refroidir processeurs et composants : échauffée jusqu’à 28 °C, l’eau revient glacée, à 6 °C, grâce à des tours aéroréfrigérantes placées sur le toit du bâtiment.

Physiquement, le supercalculateur se présente sous la forme d’une vingtaine de rangées d’armoires, un peu comme les alignements de placards dans les vestiaires d’une piscine. Sauf qu’ici, les armoires noires sont décorées d’une immense fresque chromée, dessinée par le designer CBWA, symbolisant un vaste et complexe réseau de neurones.

Quant à l’ambiance sonore, il règne dans ce centre de calcul un bruit de fond qui n’est pas sans rappeler celui des réacteurs des avions supersoniques se préparant à décoller, si bien que, comme dans certaines usines, il faut mettre des casques antibruit avant d’y pénétrer !

Une maintenance 24 heures sur 24
Appareils sensibles, les armoires sont cantonnées dans deux salles munies de murs antifeu capables de résister une heure, de détecteurs d’incendie et de diffuseurs de brouillard, sans compter une équipe de pompiers mobilisable en cinq minutes.


Pour se rendre compte des prodigieuses capacités de cette machine est très difficile.
imaginer l’ampleur de ses prouesses au moyen de quelques métaphores. Par exemple, « Tera 100 peut réaliser plus d’opérations en une seconde que ce que la population mondiale (6 milliards d’habitants) ferait en 48 heures, à raison d’une opération par seconde et par personne, explique Pierre Leca. Certes pour atteindre de telles performances, le nombre de processeurs est essentiel, mais les capacités de mémoire vive, de stockage de données, et le débit sont tout aussi cruciaux », poursuit-il.


la mémoire contient 300 téraoctets (3), ce qui correspond à la mémoire d’environ un million d’ordinateurs « domestiques ». Côté stockage, sa capacité de 20 pétaoctets équivaut à plus de 25 milliards de livres. Par jour, Tera 100 est ainsi en mesure de stocker 10 fois le contenu numérique de la Bibliothèque nationale de France. Un « bébé technologique » à 70 millions d'euros

Enfin, le débit d’entrées/sorties de données est de 500 gigaoctets par seconde. Soit une capacité de transfert d’information équivalente à un million de personnes regardant en même temps un film en haute définition. « Il s’agit là d’un record mondial qui fait de Tera 100 une machine de production sans équivalent », annonce fièrement Pierre Leca.

Satisfaits de leur « bébé technologique » qui a coûté 70 millions d’euros, les ingénieurs du CEA et de Bull ont, lors du lancement de sa conception il y a dix ans, volontairement choisi de ne pas viser la machine la plus puissante du monde. « Fallait-il investir deux fois plus d’argent pour obtenir un spectre d’applications de seulement 10 % de plus ? », s’interroge Jean Gonnord. Non, répondent en cœur ingénieurs et commerciaux.

Supercalculateur généraliste, la technologie Tera 100 a été conçu pour l’éventail le plus vaste des applications de simulation numérique (soit 90 % d’entre elles), ce qui le distingue des machines consacrées à des applications spécifiques. Un pari apparemment gagné puisqu’il vient de décrocher la 6e place des machines les plus puissantes au monde dans la dernière édition (le 17 novembre à La Nouvelle-Orléans) du Top 500, derrière des machines chinoises, américaines et japonaises.

Tera 100 a montré une efficacité de 84 % en résolvant un ensemble de 200 millions d’équations linéaires en vingt-deux heures. De plus, avec Tera 100, Bull a déjà gagné des marchés importants en Allemagne, au Royaume-Uni et au Brésil. « Nous voulions faire une voiture de rallye, capable d’aller dans la boue, plutôt qu’une Formule 1, répète Pierre Leca. Et je pense que nous avons réussi. »

Pour l’heure, Tera 100 monte en puissance et sera en vitesse de croisière au cours du premier trimestre 2011, date à laquelle il devrait se substituer pleinement à Tera 10.
source http://www.la-croix.com/


Machines et Technologie

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